L’inventaire naturaliste participe à la quête identitaire.
Une approche collective de la nature en ville se nourrirait de l’exploration du territoire réel à travers le filtre des souvenirs des pays d’origine ou d’enfance.
L’inventaire naturaliste participe à la quête identitaire.
Les jardins en marge d’Aroma-Home deviennent des herbiers poétiques élargis à la flore du monde ; la mémoire est replacée au centre des échanges, en outil primaire de lecture du paysage.
À travers une mise en scène légèrement décalée de la réalité, Sarah Harper invite un public local à participer à une transformation de l’espace en bas de chez eux.
Il s’agit d'installer un espace domestique pour que la rue ne soit plus qu’un simple lieu de passage ou un espace neutre de transition mais un lieu commun susceptible d’être celui du rassemblement ; que les plantes qui poussent sauvagement ne soient pas seulement "des herbes folles" mais qu'elles soient comestibles ou médicalement utiles. Ainsi sont suggérés des parallèles entre la biodiversité et la diversité culturelle et sociale.
Une tisanerie mobile
Une petite caravane de senteurs installée au coin de la rue. Une infusion poétique et aromatique du quartier, une «aroma zone» de rencontre, d’échange et de la création partagée.
Dans l’intérieur intimiste de la caravane fleurie, friches théâtre urbain propose un « chez soi » décalé, où les passants sont invités à partager un moment à part. Dans cette cuisine minuscule, truffée d’herbes séchées, de tisanes, de pots, jarres et fioles, ils peuvent stimuler leurs papilles et découvrir les senteurs et saveurs naturelles des recettes insolites d’ici et d’ailleurs. Des échanges autours des dégustations de tisanes, des herbes de bien-être, des épices, chutneys, pili-pili, réglisse ou sauce-chien, donnent naissance aux nouvelles recettes glanées au gré de ces rencontres.
Des initiatives participatives
Assistée des riverains et des amis de passage, Sarah et son équipe sèment leurs graines dans les délaissés urbains - prairies, fissures de trottoir, bordures des travaux ou pieds de lampadaires. Elle crée des jardins éphémères insolites, évidents ou cachés, valorisant les coins de verdure existants mais délaissés. Cette mise en scène de l’espace public infléchit la perception qu'en ont les habitants.
Parfois organisées, mais souvent en réponse aux groupes ou individus de passage, des séances de jardinage et des goûters étranges sont proposés aux adultes, adolescents et enfants : plantation d’aromates, fabrication de mobilier urbain, construction d’hôtel à insectes, fabrication de boules à graines ou d’épouvantails, cuisine partagée de plantes et d’épices, dégustations de plantes comestibles sauvages ou cultivées … Autant d’activités qui privilégient la rencontre et l’échange … qui deviennent alors les sources d’inspiration de créations artistiques.
La caravane bariolée avec un intérieur chargé d’atmosphère et hors du temps, est en évolution au fil des rencontres. Parfois parfumée, parfois sonorisée… les personnages réels, aux costumes plus ou moins bucoliques semblent en contradiction avec la vie urbaine environnante. Le rythme de "vie" de la caravane, les petits repas, faire la vaisselle dehors avec des noix de Rhita … crée une fiction inattendue dans laquelle les habitants s’insèrent le temps d’un goûter.
Un jardin d’histoires
« Je t'inventerai un jardin...
aux odeurs de thé des bois et de jasmin…
»
Les témoignages, anecdotes et bribes d’histoires des riverains, une fois recueillis, sont mis en forme par des graphismes éphémères affichés à grande échelle sur les murs, par l'installation d'un fond sonore qui accompagne le plus permanent des jardins : le Jardin d’Histoires. Activées par des panneaux solaires, des bornes sonores diffusent entretiens, poésies et ambiances surréelles au public, complétant ainsi le parcours poétique, sensoriel et interactif de ce jardin d’aromates et comestibles.
Devenu lieu de rencontre, le jardin est aménagé de mobiliers urbains fabriqués par les jeunes qui fréquentent le city-parc avoisinant. Poétisation de l’espace public. Jardin fait par et pour des riverains.
« Si je nomme avec précision, c’est qu’en nommant avec précision, je crois qu’on restitue à l’objet sa valeur personnelle, comme lorsque l’on appelle quelqu’un par son nom ; on le suscite dans sa valeur unique et singulière […]. En les nommant, flore, faune, dans leur étrangeté, je participe à leur force, je participe de leur force » Aimé Césaire.