Sarah Harper

Dr SARAH HARPER

Sarah Harper est artiste, enseignante et chercheuse universitaire. Directrice artistique, metteuse en scène et co-fondatrice de la compagnie d’arts urbains Friches Théâtre Urbain, elle crée des performances participatives, des projets in situ, des créations de lieux et des balades artistiques commandées en réponse à des contextes sociaux sensibles. Elle a récemment soutenu son doctorat à l’Université Queen Mary de Londres où ses recherches portent sur la compréhension du refus et de la non-participation dans la banlieue parisienne. Auparavant elle a étudiée à l’École Jacques Lecoq à Paris et à l’Université de Bristol, au Royaume Uni.

Centres d’intérêt

théâtre socialement engagé
archives, traces et contre-archives
arts relationnels
le spectacle et la ville
refus et non-participation
politique culturelle et participation culturelle
performance immersive et site-spécifique
communauté

 

PUBLICATIONS

LIVRES (CHAPITRE)

JOURNAUX SCIENTIFIQUES  (à comité de lecture)

 

CONFÉRENCES

 

ENGAGEMENT PUBLIC / IMPACT

 

PRACTICE AS RESEARCH

 

RÉSUMÉ DE THÈSE DE DOCTORAT

Comprendre le refus. Non-participation à des projets d’arts participatifs dans les banlieues nord de Paris.

Cette thèse cherche à comprendre et réévaluer la non-participation et le refus que j’ai vécu dans les projets d’arts participatifs que j’ai menés, avec la compagnie Friches Théâtre Urbain, dans les banlieues multiculturelles du nord de Paris. J’examine douze projets de territoire au long cours, invitant à la participation aux performances, à des promenades artistiques ou à la création de lieux de vie sur des friches urbaines, initiés pour réactiver, redéfinir ou animer l’espace public, avec la cohésion sociale comme objectif reconnu. En analysant pourquoi les gens ignorent, refusent ou perturbent violemment le travail, je m’appuie sur les théories sociologiques de la participation, de la réception de l’art et de la valeur accordée aux types de participation dans les études de la performance, de la géographie et de la culture socialement engagées pour examiner les suppositions courantes sur ce qu’est une « bonne participation ». J’organise mes analyses dans un spectre des refus et je soutiens que les refus offrent des récits génératifs de communauté, de la culture ou de l’ d’activisme politique qui sont précieux et font partie intégrante de la fonction dialogique et sociale des arts participatifs.

Historiquement, en France, l’espace public s’est idéologiquement positionné comme un lieu privilégié du débat sociétal à travers l’occupation, les barricades, la dérive, la manifestation ou le festival. Mais, dans la dynamique d’exclusion socio-économique existant dans la banlieue nord de Paris, mon travail, pour engager la participation à des pratiques bienveillantes ou joyeuses de la citoyenneté et de la communauté, contribue souvent directement à la gentrification qui laisse les populations les plus pauvres avec de moins en moins d’accès et de légitimité au sein de la ville. Ici, le refus de participation devient une réponse logique. Je conteste la pertinence d’encourager l’investissement dans des notions idéales ou nostalgiques de communauté au sein de quartiers fracturés et diversifiés où être ensemble est rendu transitoire ou irréalisable. Je soutiens qu’une attention portée à ces moments de refus, ainsi qu’aux exemples de participation minimale, invisible ou réticente, peut être la clé pour comprendre non pas « comment amener les gens à mieux participer », mais comment percevoir plus précisément leur refus, comme éloquent et construisant les actes précieux d’une participation citoyenne à autre chose.