Un projet de préservation, valorisation et poétisation
Le travail mené par friches théâtre urbain depuis 2012 réside dans le repositionnement de ce lieu abandonné comme lieu précieux, non seulement pour sa biodiversité mais aussi pour l’atmosphère poétique qu’il dégage et pour sa place dans les souvenirs récents ou lointains des riverains. Avec des approches artistiques et sensibles, l’artiste-metteur en scène Sarah Harper tente de renouer des liens de respect entre le voisinage, la nature, la biodiversité urbaine et la diversité culturelle.
Elle explore cette richesse naturelle, créée par une biodiversité insoupçonnée en s’appuyant sur la notion de jardin d’urgence. Elle utilise la préservation sensible et durable d'un terrain en friche comme un outil de rassemblement, et développe autour de la nature, avec et pour les riverains, un travail relationnel de long terme propre à ce territoire et aux enjeux liés à l’habitat dans la rue Saint-Antoine.
« L’Art dans l’espace public a ce pouvoir unique d’inspirer des individus et de ramener au sein d’une communauté la sensation d’une expérience partagée. De tels projets mobilisent le pouvoir de l’imagination afin de voir les lieux familiers autrement et rendre le quotidien extraordinaire ».
"A quoi sert une friche ?".
"Comment, à travers une œuvre artistique, peut-on sensibiliser ou raviver la relation essentielle à la terre ?".
"Comment peut-on révéler aux habitants leurs propres connaissances intimes en matière de tradition et de savoir-faire en train de se perdre ?".
À travers ces questions, l’expérimentation menée par Sarah Harper sur la parcelle 343 des Murs à pêches, vise la réappropriation des rapports concrets avec la terre et l’entretien du "petit bois" par les riverains.
Le projet cherche à changer le regard que l’on porte sur cet espace en marge de la ville, indécis et mal défini : par la préservation en l’état de la parcelle et la valorisation de la biodiversité qui y est présente
Pour mieux connaître les friches urbaines, et ainsi mieux les protéger pour ce qu’elles sont, "l’Espwar est un temps boisé" s’appuie sur des partenariats scientifiques. Sarah Harper invite régulièrement des botanistes, dont des experts du Museum National d’Histoire Naturelle, à affiner le recensement des espèces présentes sur cette friche refermée sur elle-même pendant presque un demi siècle.
Rendez-vous botaniques et sentiers pédagogiques
Des rendez-vous réguliers ont lieu avec voisins, écoliers, et tout public pour des balades d’observation botaniques en compagnie de botanistes, mycologues, apiculteurs. Ces balades sont mises en scène par l’équipe de friches théâtre urbain qui ajoute ponctuations artistiques et gourmandes créant pour les participants des moments privilégiés dans le sous-bois.
La réalisation de ces actions de médiation culturelle et d’éducation à l’environnement, auprès des habitants de Montreuil et d’ailleurs ainsi que des classes scolaires, permet de donner accès à un large public aux richesses du site, tout en limitant l’impact humain sur la nature.
Parcours poétiques.
> L’Espwar est un temps boisé
Une installation sonore et plastique à travers les bois, où se croisent paroles de riverains et de spécialistes locaux (botanistes, mycologues, apiculteurs, vannier, militants) sur leurs rapports à la nature et à la parcelle boisée en particulier.
Il s'agit de glisser au sein du sous bois des installations discrètes, parfois éphémères, qui ne dénaturent pas le lieu : ambiances sonores diffusées ponctuellement sur le chemin, images projetées sur les murs ou les arbres, sculptures fabriquées avec des matériaux trouvés sur place, instants de performance… non pas pour embellir cet espace mais plutôt pour révéler ce qui est là, pour confronter nos interprétations du beau, de l'utile, du précieux.
La collecte de témoignages de riverains réalisée en amont met la biodiversité de la parcelle en résonance avec la mixité sociale du quartier.
> Une taille très fine
Tailler des arbres, tailler la pierre, graver notre marque dans le bois, tresser de l’osier vivant, tailler un costume, reconstruire un mur … se tailler une place en faisant revivre un lieu, pour mieux vivre dans ce lieu.
Second volet du projet, L’Espwar est un temps boisé, Une taille très fine est une exploration des tissages subtils de murs et frontières invisibles, liant la nature, l'homme et la matière dans les murs à pêches, sans qu'on s'en aperçoive.
La parcelle 343, comme beaucoup d’autres dans le secteur des murs à pêche, a longtemps servi de déchetterie sauvage pour le voisinage. Elle en est ainsi venue pour beaucoup à symboliser la désaffection, la marginalité en friche.
L’essence du projet se trouve dans la création sociale et collective d’un rapport sentimental et créatif avec le lieu : C’est autour du dévoilement d’un espace habituellement invisible socialement que se noue une rencontre et l’amorce d’une entente nouvelle.
« Une taille très fine » fait référence au rôle de chacun dans la taille de sa vie, et aux savoir-faire techniques fondés sur l’action de tailler.