Des cartes postales de la friche St Leu et du chemin qui la traverse, ont été imprimées. Elles sont offertes à l'écriture, timbrées et expédiées gratuitement, pour ceux qui prennent le temps d'écrire un mot tendre à un être aimé.
Des instantanés Polaroid ou des portraits dessinés à la main sont offerts à ceux qui veulent bien poser.
Au plus profond de l'hiver, de la confiture de coing est cuite au chaudron sur place, pour honorer un vieux cognassier mourant en bordure de la friche. Une centaine de petits pots sont marqués aux noms des passants pour une collecte en fin d'après-midi quand la confiture a refroidi.
Nos brèves rencontres avec les passants et les cadeaux ou "services" chaleureux offerts, posent des strates d'expériences affectives sur le chemin central de la friche ; notre présence devient un catalyseur de moments de vulnérabilité, de sentiments intimes ou de souvenirs, qui émergent dans cet espace si peu intime.
Avec une esthétique de réparation et d'attention aux rituels de la vie domestique et quotidienne, nos actes invitent aux échanges intimes. Ces cadeaux et gestes "tendres" visent à reconstruire un imaginaire social, pour que cet entre-deux urbain redevienne un "lieu" valorisé.
Cette friche était autrefois un vaste verger et n'est plus maintenant qu'un champ ouvert, ponctué de bosquets d'arbres fruitiers mourants, situé entre un lotissement social et un campus universitaire. Les sentiers qui la sillonnent désormais marquent la trace du plus court chemin vers la gare ou l'université. Les hautes herbes, le lierre et les ronces recolonisent la terre à différents stades de succession. Parfois, la beauté potentielle est gâchée par les déchets qui jonchent les chemins.
Lors de l'élagage des végétaux présents sur la friche, une enquête botanique des espèces endémiques a été réalisée en collaboration avec l'Association ICI. C'est à partir de ces informations qu'a été réalisée une série de panneaux botaniques qui ponctuent le parcours, signifiant la valeur du lieu, le soin qui en est pris et l'avance de sa réparation.
L'éruption du Covid 19 a mis l'accent sur la présence ou l'absence de tendresse envers les autres. Des extraits d’entretiens à ce sujet ont été enregistrés, puis imprimés et déposés, tissés dans le paysage, collés sur des rochers, des lampadaires et des murs, accrochés aux arbres, diffusés en une promenade sonore rendue accessible par des QR codes imprimés sur les panneaux botaniques.
Une "Carte de Tendre" est réalisée. Elle rassemble les histoires et les dessins des voisins, le patrimoine émotionnel du site. On y retrouve les usages variés de la friche, verger, rendez-vous des clandestins, piste de rallye de motocross et aire de jeux dans la jungle.
Les jeunes enfants nous montrent leurs tanières secrètes, si précieuses et à peine perceptibles ; les jeunes hommes se souviennent de l'époque où l'ensemble n'était qu'un immense terrain de foot ; les anciens se rappellent de sa richesse en pommiers et poiriers, quand le verger était en activité.
Cette carte est imprimée et distribuée à la fin du projet. Elle entremêle ces différentes expériences subjectives ainsi que des traces de notre propre présence.